THEO
WIESEN
1906 - 1999
Installé
dans la région germanophone, en Belgique, Théo Wiesen
y exploitait sa propre scierie.
A la retraite, il commença à tailler dans les arbres qui
étaient engrangés dans sa scierie et à en extraire
« les démons » qui hantèrent son enfance.
En retournant les arbres afin que les branches maîtresses fassent
office de jambes, les troncs lui laissaient toute latitude pour exorciser
les esprits qui les habitaient. Il alignait ensuite le tout en lisière
de son domaine.
De cet ensemble impressionnant, certains bois étaient si hauts
quils se confondaient avec les arbres environnants et le ciel
bas.
Théo se préoccupait aussi de lintérieur de
ses terres : briques colorées disposées en motifs géométriques
sur la façade de sa maison, ardoises aux couleurs franches, non
absentes dhumour, en bordure des allées de son jardin:
contrepoint des bois aux drames latents.
Au cur d'une nature envahie par le silence, Théo avait
délimité son territoire par ces totems qui semblaient
avoir eu pour rôle de vouloir écarter ceux qui s'aviseraient
de pénétrer sur ses terres : têtes de loup, bêtes
à cornes, mi-hommes mi-diables, la plupart sombres comme des
revenants.
En contrebas, une barrière sculptée délimitait
définitivement son domaine.
Un jour ne pouvant plus faire face à l'entretien de ce bois auquel
il avait consacré son existence, Théo dut ranger le tout
dans sa scierie.
C'est ainsi que son uvre est revenue à L'Aracine.
Extraite du lieu dans lequel elle avait été conçue,
l'oeuvre de Théo, comme toutes les oeuvres situées en
pleine nature, se voit trahie en figurant dans un musée; néanmoins
cest la seule façon de conserver le témoignage d'une
vie qui en dehors de toutes spéculations, s'en est tenue au besoin
de construire.
En
bord de route
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