La Robe de Bonneval
1894-19…

La robe de Bonneval (nom de l'hôpital où la malade a séjourné) est un vêtement d’apparat qui fut brodé des lambeaux de laine et de fils assemblés à des lambeaux de tissus entièrement doublée de morceaux de toile rassemblés à gros points, elle pèse à elle seule plusieurs kilos ; lui était adjointe :
—une cape destinée à envelopper les épaules et les bras, descendant jusqu'à mi-corps ;
— une traîne de plusieurs mètres de long, prenant appui par deux bandes de tissu sur les épaules;
—une coiffure en forme de toque solennelle,
—un volumineux sac à bagages de la même facture que le vêtement,
—enfin, une tenture et un tapis destinés à enrichir le faste nécessaire au déploiement de cette vêture, actuellement disperse
Internée a l’âge de 35 ans, à l’époque où les fous étaient condamnés à demeurer enfermés une vie entière, la malade nous explique le Dr Faure dans “Les objets dans la folie : les appartenances du délirant“, aurait commencé son ouvrage lorsqu’elle apprit la mort de son mari.
L’ensemble de cette œuvre a demandé une douzaine d’années et passa longtemps inaperçu travaillant soit au petit jour dans son lit, soit dans quelque recoin de l’hôpital, la malade ajustait des lambeaux d’étoffe qu’elle obtenait à l’atelier de couture et tissait dessus des brins de laine qu'elle récupérait çà et là. Chaque élément fut exécuté morceau par morceau et camouflé en
différentes cachettes. Ultérieurement, les morceaux furent ajustés les uns aux autres et la malade en fit des paquets, toujours attachés ensemble, qu'elle ne voulait jamais laisser visiter. Ces paquets n'attiraient pas particulièrement l'attention, car beaucoup de malades, en ce temps-là, avaient la possibilité de faire usage de vieilles malles, de cartons et d'emballages, pour leurs propres petits biens.

Une religieuse soignante ayant surpris son secret, gagna sa confiance et lui permit de continuer son labeur au grand jour. Elle put dès lors ajuster tout à loisir les précieuses pièces de broderie prévues pour cet extraordinaire vêtement qui n’a pas une signification univoque ; malgré la discontinuité des efforts ayant présidé à cette réalisation, malgré la grossièreté des matériaux utilisés, l’harmonie les motifs ne se dément jamais ; ils évoquent des plumages d'oiseaux, des silhouettes d'hommes et d'animaux, des guirlandes aux lignes superposées.
Habit destiné à affirmer symboliquement la force et la magnificence devant lesquelles toute autorité administrative ou religieuse devrait s'incliner, il permettrait au couple de se retrouver libre, revenant triomphalement dans son pays avec tous les honneurs d'une cérémonie fastueuse.

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