L’Aracine est une association loi 1901 qui a
été créée en 1982 par
Madeleine
Lommel, Michel Nedjar, Claire Teller.
Si, en 1975 la collection de Jean
Dubuffet fut installée officiellement à Lausanne ; le
lieu tenait autant de l’anti-musée que de musée.
Isolée dans une construction spécifique, la collection
n’avait franchi que le pas de statut privé à celui de
statut public.
En 1978, la ville de Paris avait
organisé une exposition plus spécifiquement
consacrée à l'art singulier: l'art brut proprement dit
n’y était pas majoritaire et l’art psychopathologique
était totalement absent; ce fut avant tout un
événement singulier.
Quant à l’Aracine elle eut dès le départ le
souci d’aller à la recherche d’œuvres qui répondraient au
plus près aux critères de l’art brut.
Longtemps installée à
Neuilly-sur-Marne dans un lieu intime et familier mis à sa
disposition par la ville, l’association dut,
en 1996, pour assurer l’avenir de la collection, faire un choix. Entre
les mains d’une petite équipe de bénévoles, la
collection encourait le risque, lorsque le relais s’imposerait, que
périclite ou dérive le travail commencé.
On le sait une collection d’art
brut n’est pas une collection comme les autres et nous mesurions les
difficultés qui pourraient surgir.
La révélation que
nous avions eue de ces œuvres avait fait de nous les détenteurs
d’un patrimoine qui n’en finissait pas de nous mettre dans l'embarras :
s'en suivirent une série de questions plus pressantes les unes
que les autres.
La première, tout comme
celle que s’était en son temps posée Jean Dubuffet fut :
était-il judicieux d’exposer l'ART
BRUT dans un lieu officialisé et qui plus est au sein d’un
musée ouvert aux grands espaces, aux éclairages naturels,
nous éloignant définitivement de l’esprit qui
était le nôtre.
Comment l’Art Brut allait-il
être appréhendé ?
Certes il fallait qu’à
l’aube du XXIéme siècle
soient célébrées ces forces vives, tout autant
qu’il devenait indispensable de penser à la protection d'un
patrimoine particulièrement fragile.
Il fut donc décidé de
faire don de la collection à la communauté
urbaine de Lille, avec la garantie que la collection
prendrait place dans un bâtiment spécifique.
Le pas est aujourd’hui franchi et
les hommages faits à cette création ne cessent de se
multiplier.
Méfions-nous cependant
qu’à vouloir rendre grands ceux qui troublent nos consciences,
nous ne les enfermions pas dans de nouveaux ghettos.
Nous avons si vite fait de
reprendre nos habitudes en habillant à nos convenances ce qui
nous dérange et d’oublier que ce qui naît sans
consultation tient d’une lecture où l’âme est davantage
maîtresse que la raison.
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