Il est une beauté secrète, inexpliquée, inexplicable, nourrie aux matériaux
de rencontre, employée d’une manière directe, sans encombre et sans préparation.

Née de l’obligation de donner corps à sa propre existence, elle ouvre sur
des espaces intimes, excluant tout ce qui pourrait être appréciations convenues.

L'ARACINE

ET

L'ART BRUT

 

 

En 1999, L’Aracine 
a fait don de sa collection
à la communauté urbaine de Lille, 
soit plus de 3000 œuvres 
comptant parmi 
les plus représentatives  de l'art brut.

 

L'Aracine, Neuilly-sur-Marne, 

vue du sous-sol : Josué Virgili

 

En 1999, L’Aracine 
a fait don de sa collection
à la communauté urbaine de Lille, 
soit plus de 3000 œuvres 
comptant parmi 
les plus représentatives  de l'art brut.

 

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Avertissement

 

    Pour la première fois dans l’histoire de l’art, nous sommes confrontés non pas à une querelle entre anciens et modernes mais à une irruption au sein même de l’art ; ce qui oblige à de multiples questions. La première qui vient à l’esprit est la suivante :

    Fallait-il mettre l’art brut en lumière ou était-il plus salutaire de le laisser dans l’ombre ?
Ignoré ici, jeté là, brûlé autre part, parfois jalousement conservé par quelque amateur : pour nous conduire à cette autre question.

    Fallait-il faire entrer l’art brut au musée ?

    En effet, le musée, dont le rôle est de conserver (ce qui a son importance) et qui est réservé à un art d’écoles et de traditions, est-il apte à prendre en son sein des productions qui échappent aux valeurs habituellement considérées ?

    S’en suit une question plus épineuse encore : l’art brut se situe-il hors du champ de l’histoire de l’art ou est-il au cœur de cette histoire ?
    Face à ce qui est considéré comme une limpide coulée qui de mouvements en mouvements s’est imposée dans le temps ; ce corps étranger, cette écharde entravante qu’est l’art brut ne risque-t-elle pas d’ être résorbée par ladite histoire?

    Déjà certains s’évertuent à démontrer l’influence que peut avoir la culture sur cet art “étranger “sans songer un instant que l’on ne peut modifier le concept du faire que chez celui qui a le pouvoir de l’absorber.

    Ce propos de Jacqueline Poret-Forel devrait nous éclairer sans ambiguïté : “Aussi longtemps que l'on manquera de critères pour dégager "L'intention artistique" de l’art pathologique, toutes ces comparaisons seront trompeuses. Elles reviennent toujours à identifier subrepticement comme une sphère identique à celle de l'art la sphère autistique dans laquelle vit le malade."

    Porter attention à ces productions, c’est être attaché à préserver un des patrimoines les plus précieux de l’humanité et nous met dans l’obligation d’établir un pont entre le fourmillement secret du monde et le musée dont la vocation justement est de sauvegarder le patrimoine de ce même monde.

    Jamais encore la nécessité d'établir ce lien ne s’était imposé, jamais non plus ceux qui défendent les valeurs sauvages ne s’y étaient préparé et même rejetaient-ils énergiquement une telle possibilité, quant au musée, trop habitué à ne jamais regarder dans des directions autres que celles qui lui étaient héréditairement attribuées, soucieux de bâtir une histoire homogène, il écartait systématiquement les richesses individuelles dont le monde est porteur.

   Ce qui nous amène à cette autre question : allons-nous dorénavant être suffisamment généreux pour ne pas rejeter ce qui, hors de notre ligne de mire, brouille notre bon ordre et serons-nous assez clairvoyants pour savoir reconnaître que ce qui est conçu clandestinement ou hors d'atteinte peut être chargé de significations autres que celles dont nous estimons avoir la clé.

     Le passé nous a amplement démontré que les forces vives toujours parviennent à poindre et si nous ne pouvons prédire ce que sera demain, nous pouvons tout du moins relever certains mécanismes qui nous aident à comprendre qu’il en est obligatoirement ainsi. Tenir compte des forces subversives réclame beaucoup de disponibilité d’esprit car l’ordre, ce vieux démon qui cloue nos énergies au sol toujours trouve ses partisans. Il faut, pour que nos esprits gardent de la vigueur, qu’ils ne perdent jamais de vue leur indispensable présence. Rythme perpétuel de l’histoire qui sans ces forces serait d’une accablante banalité. 

 

 

L'Aracine, Neuilly-sur-Marne, 1980

 

 

L’art brut qui entre dans un musée est toujours un événement.


    Si en 1975 la collection de Jean Dubuffet fut installée officiellement à Lausanne ; le lieu tenait autant de l’anti-musée que de musée. Isolée dans une construction spécifique, la collection n’avait franchi que le pas de statut privé à celui de statut public.

    En 1978, la ville de Paris avait organisé une exposition plus spécifiquement consacrée à l’art singulier : I’art brut proprement dit n’y était pas majoritaire  et l’art psychopathologique était totalement absent ; ce fut avant tout un événement singulier.

    Quant à L’Aracine, elle eut,  dès le départ,  le souci  d’aller à la recherche d’œuvres qui répondraient au plus près aux critères de l’art brut.

    Longtemps installée à Neuilly-sur-Marne dans un lieu intime et familier mis à sa disposition par la ville, l’association dut, en 1996, pour assurer l’avenir de la collection, faire un choix. Entre les mains d’une petite équipe de bénévoles, la collection encourait le risque, lorsque le relais s’imposerait, que périclite ou dérive le travail commencé.

    On le sait une collection d’art brut n’est pas une collection comme les autres et nous mesurions les difficultés qui pourraient surgir. La révélation que nous avions eue de ces œuvres avait fait de nous les détenteurs d’un patrimoine qui n’en finissait pas de nous mettre dans l’embarras : s’en suivirent une série de questions plus pressantes les unes que les autres.
La première, tout comme celle que s’était en son temps posée Jean Dubuffet, fut : était-il judicieux d’exposer l’ART BRUT dans un lieu officialisé et qui plus est au sein d’un musée ouvert aux grands espaces, aux éclairages naturels , nous éloignant définitivement de l’esprit qui était le nôtre.

    Comment l’Art Brut allait-il être appréhendé ?

    Certes il fallait qu’à l’aube du XXIème siècle soient célébrées ces forces vives, tout autant qu’il devenait indispensable de penser à la protection d’un patrimoine particulièrement fragile.

    Il fut donc décidé de faire don de la collection à la communauté  urbaine de Lille, avec la garantie que la collection prendrait place dans un bâtiment spécifique. Le pas est aujourd’hui franchi et les hommages faits à cette création ne cessent de se multiplier.

    Méfions-nous cependant qu’à vouloir rendre grands ceux qui troublent nos consciences, nous ne les enfermions pas dans de nouveaux ghettos.  Nous avons si vite fait de reprendre nos habitudes en habillant à nos convenances ce qui nous dérange et d’oublier que ce qui naît sans consultation tient d’une lecture où l’âme est davantage maîtresse que la raison.

 

 

 

 

L'Aracine, Neuilly-sur-Marne : 

Les fusils de Robillard, 1984    

 

 Anonymes  Henri Darger   Auguste Forestier   Magde Gill   Margarethe Held   E.J. Hodinos   Alexandre Lobanov   Guillaume Pujolle   Emile Ratier   Hélène Reimann   Kurt Wanski   Carlo Zinelli   Theo Wiesen

 

 

Date de création : 26-07-2002 

Date de Mise à jour : 19.04.2005