E. J. Hodinos
1853-1905
Né d’une famille aisée de boulangers, qui lui permit d’apprendre le métier de graveur, Emile ou encore Josome Hodinos (de son nom d’origine Joseph Ernest
Ménetrier) fut interné à 23 ans, dans le secteur payant de
Ville-Evrard, en région parisienne.
Son œuvre est une de celles qui, parmi les œuvres psychopathologiques, illustrent on ne peut mieux la métamorphose d’un métier due
à l'enfermement.
Après sept années d’apprentissage, brusquement privé de ses outils qui représentaient un
danger aux yeux de l’institution, Hodinos, fort de son métier de graveur, affranchi des obligations sociales,
va entreprendre au crayon et à la plume une œuvre qui se situe à la
croisée des connaissances techniques et de cette voie qui donne accès à une aventure toute
personnelle.
On retient généralement de l’œuvre de Josome Hodinos son dessin, consistant en des projets de médailles soignés et aboutis ; c’est seulement dans un second temps que l’on s’attarde à l’écriture qui envahit l’œuvre entière, en est le contrepoint, en révèle le sens caché.
Tout au long de chapelets de descriptions, de phrases lapidaires ou encore de textes explicatifs, Hodinos nous livre tout
de sa vie, de son enfermement estimé à une vingtaine d’années : enfance, engagement politique, points de vue sur l’art, notes sur le travail de graveur, attrait de la femme
allié à celui de la république, sévices subis à l’asile, tumultes en tout genre, rien ne manque à cette longue énumération savamment mise en page.
Par un renvoi continu des médailles aux tablettes
d’écritures et des tablettes aux médailles, Hodinos use d’une formule sobre, fusionnelle, faite de sévérité et d’audace, qui rend l’œuvre toujours plus fascinante au fur et à mesure qu’on la découvre.
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