Henri Darger 1892-1973
Frotteur de parquet, Henri
Darger avait loué une petite chambre dans la maison même où habitait son
propriétaire, Nathan Lerner, photographe issu du Bauhaus. L’heureuse coïncidence de la présence de cet homme en ce lieu fit que l’œuvre d’Henri Darger fut sauvée.
Celle-ci fut découverte fortuitement à la mort de son auteur, alors que les poubelles tentaient d’évacuer, mêlée à des détritus de toutes sortes, une quantité incroyable de journaux, de publicités, de calendriers, albums et images en tout genre, que Darger entassait depuis une quarantaine d’années.
Il fallut un bon moment pour découvrir que sous cet incroyable
fatras couvait une œuvre ; une œuvre colossale, étrange, inattendue où Darger raconte en douze volumes “la violente guerre glando-angélinienne causée par la révolte des enfants esclaves".
Jamais l’image ne fut employée avec autant d’audace, jamais non plus elle ne provoqua des compositions d’une telle ampleur où se côtoient innocence et sadisme, candeur et perversité.
Découpes, collages, décalques, agrandissements photographiques, Darger a fait subir à l’image toutes les mutations :
chacune est manipulée jusqu’à correspondre à la composition finale
; et l’orage omniprésent, telle la colère de Dieu, finit par se mêler à celle de
Darger, qui devant tant de massacres et de tyrannie s’insurge en lançant vers ce Dieu des boules de ficelles qu’il prépare en quantité.
La couleur acidulée ajoute aux accents suaves une cruauté
implacable. |